— MAHOUTOKORO
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Paradis perdu - Ieyasu
Ryuu Fujiwara
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Age : 18
Rang : 77/100
Orochi
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Ryuu Fujiwara
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1009-ain-t-no-mountain-high-enough-ryuu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1458-comment-ryuu-fujiwara#11747
Ryuu Fujiwara
Les évènements s’enchaînent, s’entassent, débordent et ton coeur explose, en plein de morceaux, des éclats de larmes et de dents brisées les unes contre les autres, qui crissent pour casser tes cris et personne, personne, personne n’a le courage de supporter tes crises et pourtant tu as si besoin de te défouler, retrouver la tendresse de ton corps qui parfois caresse ceux des autres mais rien n’a réussi à apaiser ton échine, personne n’a eu grâce à tes yeux aussi durs et froids que la glace. Tu aimerais la faire fondre contre une épaule, un cou, une nuque; un bras chaud, un coeur qui bat. Doucement. Une berceuse contre ton oreille tendue.

Tu le chopes au détour d’un couloir, le tires fort, vite, pressé; tu noues tes doigts aux siens, tu l’entraînes, rapide, vite, tes pas s’emmêlent, tu montes, tu grimpes dans ta chambre et tu l’y enfermes avec toi, lui contre la porte fermée et ton souffle halète dans un râle animal, Ryuu calme toi. Tes mains se posent sur ses bras que tu serres, enserres, que tes ongles agrippent et empoignent. « Tais-toi parle pas, pas tout de suite. » Et ton front vient rencontrer la chaleur du creux de son torse.

Qui aurait cru que tu viendrais de nouveau le pêcher, l’instigateur de tes premiers vices ? Tu t’adoucis contre lui, tout contre lui; un retour aux sources peut-être ? Un besoin de retour à l’innocence, à l’enfance, début de l’adolescence ou rien n’était vraiment important et maintenant que vous poussez comme des fleurs en bouquets; vous êtes bientôt fanés, qui prendra soin de vous si ce n’est vos pollens qui se dispersent ? A ce moment, tu aurais aimé resté dans un pot, la serre que tu partageais avec lui, ce petit jardin secret si bien gardé au début, quiet et doux, chaud et tendre. Un foyer tranquille visité par vos deux coeurs; si secret.

« Il est arrivé malheur à Eirin… et… et j’ai rien pu faire et… » Tu enfonces ton nez contre lui à la recherche de ce parfum si fleuri de votre passé écrasé, déterré. « Et j’suis pas aussi fort pour tout encaisser et… » Tes yeux s’aventurent à trouver les changements de sa peau et la grandeur de son cou avant de les fermer sur les souvenirs qui remontent comme des naufrages.

« Ieyasu, reste un peu avec moi… S’il… s’il te plaît. »
Ieyasu Masamune
Paradis perdu - Ieyasu  Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
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Ieyasu Masamune
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Ieyasu Masamune

ô chimères d’hier
douces-amères
froides comme l'hiver

A l’instant même où il le happe entre ses serres, il n’existe plus d’autres choses que lui : bien que longtemps durant il avait piètrement redouté la croisée de leur chemin, le carcan de ses doigts qui enlace les siens annihile en ses membres tout ennui. Eprit des bourrasques d’une tornade investie d’une sainte quête, sur le parquet leurs pas claquent sans bruit à la mesure des palpitations de son cœur jusqu’à s’échoir au sein intimiste d’une chambre mille fois crainte. Trompeusement identique aux nombreuses autres jusqu’à l’infime broderie de lourds rideaux de velours, elle n’en demeure pas moins intrinsèquement dissemblable par la symbolique qu’elle exulte.

Mais la première étreinte que ressent son corps depuis la mort de Takashi cisaille l’insidieux cheminement de ses pensées : maintes mains s’étaient pressées en vagues caresses sincères, des tapes aseptiques qui se voulaient nourries à la cuillère de l’empathie jusqu’aux regards perdus qui n’osaient soutenir son œil ; que de demi-mesures face à des doigts sur un galbe chauffé à la pulpe de mains vagabondes — la touche légère d’un derme d’albâtre aux crins blanchis, un souffle tiédi sur l’excavation de son cou, qui étaient à elles seules plus réelles que toutes pauvres complaisances.
L’innocence à fleur de peau, apposée d’une main délicate à l’alganon de ses vertèbres de nacre, Ieyasu se croit absout mais il ne l’est pas et cette vérité le percute dès lors qu’ils se voient entichés du flanc à l’épaule, le poids pesant lourd et réel en ancre fermement amarrée à un port au beau milieu d’un ouragan. Mais le mensonge a la douceur d’un agrume : la tempête n’est pas moins le monde au-delà de ces murs que l’enfant —l’homme désormais— cloîtré de sa hanche à la sienne qui lamente son désespoir.
De nombreuses choses ont changé : il n’a plus qu’un œil désormais, l’autre emporté à tout jamais ; première de ses pertes, loin d’en être l’ultime. La réminiscence de jours meilleurs, moins taraudés de ressentiment mais emplis de la naïveté caractéristique d’un juvénile aveuglement.
Un instant volé —arraché à des heures si tant lointaines qu’elles en paraissent chimériques, des rêves hallucinés au creux de draps d’enfants fiévreux, entichés de sentiments innommables que Ieyasu du haut de son audacieuse et inconsciente jeunesse eu nommé du bout de lèvres vierges, amour— demeure suspendu.

Entravé de toutes parts, Ieyasu thésaurise le doute ; le ressentiment a le cuir épais sinon solide, et il frémit sur son échine comme un insupportable monstre : Comment oses-tu— plongé dans la fente de ses lèvres, éclos le susurre accusateur de vielles douleurs. La rancœur quant à elle est vive et dangereuse, pleine d’expectances sémillantes, où brûlent tant de promesses de lendemains meilleurs, immolés sur le bûcher de son cœur.
Et en cet instant il est faible, faible comme il était faible autrefois lorsque son propre sang empreignait son uniforme et que son monde s’était rétréci et en avait perdu sa consistance au tandem de son affection.
Il veut reculer, s’échapper à tout jamais, mais contre son dos la porte demeure l’immuable gardienne de son tourment.
A quoi t’attends-tu exactement ? Que je te laisse épancher ta peine comme si, quoi—ah, des années ne s’étaient pas écoulées ? Et chaque seconde était une agonie filandreuse et insipide, mais le timbre n’est toujours qu’un murmure tandis que ses mains tentent de saisir ses épaules : Tu ne me possèdes pas, Ryuu. Oh, pardon, doux mais non moins que glacial, est-ce juste Fujiwara maintenant ? Si plat que vide et même sous ce corps qui l’étreint, la solitude est lourde.
Ryuu Fujiwara
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Ryuu Fujiwara
Et son cou sonne sa douce litanie sur ta joue, qui rebondit à chaque sursaut de son coeur et tu l’écoutes vivre comme au téléphone; loin mais attentif. Tes paupières se ferment contre sa peau qui sent toujours aussi bon les souvenirs d’antan et tu desserres les griffes sur ses manches, résolu à baisser les bras le temps de quelques secondes contre son corps tant de fois rêvé, avant touché presque palpé.

Ses reproches ne se font pas prier pour pleuvoir sur ta carcasse et si tu savais à quoi t’attendre, tu n’avais pas non plus pris de parapluie, et ses mots glissent sur toi alors que tes mains se frayent un chemin dans les sillons de sa taille pour se croiser en noeud dans son dos. « Je n’ai jamais cessé de penser à toi, tu sais. Tu es dans mon esprit, ancré comme un fantôme. » dis-tu doucement à la fin de ses attaques que tu n’as pas parées. « Je voulais te sentir contre moi encore une fois, savoir si le monde dans lequel je suis est bien réel…savoir si je pouvais retourner dans celui qu’on a perdu encore un peu. » Tu l’étreins doucement, comme on embrasse un bouquet de fleurs si précieux, si délicat, si envoutant. Et puis tu t’écartes doucement, les mains caressant ses flancs avant d’attraper les siennes, du bout des doigts. Ryuu tu as toujours été très tactile. Tu toussotes un « comment tu vas, Ieyasu ? » timide. « Appelle moi Ryuu, redis mon prénom, redis le encore une fois, tu veux bien ? » Tu lèves les yeux sur le sien dans un remord dévorant.
Ieyasu Masamune
Paradis perdu - Ieyasu  Nfud
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Ieyasu Masamune

ô chimères d’hier
douces-amères
froides comme l'hiver

L’encrage migre sur ses hanches puis s’échoue sur son dos et Ieyasu hait ce contact, cette touche entre leurs corps entassés : enclavé entre un diable et une porte, le roux est une proie couverte de sueurs algides sous la tourmente d’une griffe prédatrice. Mais il n’y a nulle riposte dans les palabres dudit diable, seulement la caresse délicate d’une déchirure à une autre, et Ieyasu tendrement le hait un peu plus pour cela.
Il inspire et la rage déferle dans son poumon, pullule dans sa veine noircie et sillonne jusqu’à son cœur qu’il tempère d’une main fébrile ; cette même main happée par la coupe des siennes, encagées par la jouxte de leurs corps.
Et plus que l’emprise, ce sont ces iris infernaux qui le tétanisent, l’œil fixe dans ceux épargnés de celui qui confesse ses doléances aux sonorités modestes.

Ce monde est mort—un murmure échappé de sa gorge, si tant fiévreux que pusillanime, massacré sous le joug de la meurtrissure mais n’en demeure pas moins doux, car estampillé à ce corps désormais étranger il ne peut que l’être.  Ce monde est mort et je ne pense plus à toi depuis longtemps. Le mensonge n’est pas l’un de ses vices, pour l’heure cependant il en empreigne sa langue avec l’avidité insatiable d’enfants affamés.  Ce monde est mort car il a brûlé il y a longtemps, et il ne reste pas même des cendres auxquelles s’accrocher. Et je te hais, je t’exècre, je te maudis car tu es parti. Et quand est venu le temps des allégeances tu n’as pas détourné les yeux, non, non tu as craché sur mon nom, bafoué nos instants mais c’était si doux pourtant.
L’innocence n’est plus que profane, obscure et dévorée par les années vagabondes : sa colère, qui à la moindre étincelle fut jadis ignescente n’est plus qu’une braise bousculée par d’innombrables passages. Le roux avait jadis perdu son œil et par-là même la chaleur de telles étreintes : il n’existe pas d’amours heureux et peut-être n’y a-t-il qu’une unique place dans ce qui lui sert de cœur. Cette place a été prise une fois avant d’être jetée dans l’oubli. Désormais il n’y en a plus et son cœur est vide.

Comment je vais ? Horriblement mal, merci. L’aridité polaire de toundra lointaines, balayées par des vents implacables se meut sous l’émail de ses dents.  Mais et toi Fujiwara, comment te portes-tu ? Ses mains enlacées tentent d’empiéger leurs congénères, non point mu par une tendresse soudaine, mais par le besoin d’extérioriser sa fermeté.  Ta peau est-elle douce ou pèles-tu encore des morceaux de toi-même ?  
Mais nulle retraite ne vient face à l’attrait tentateur d’un serpent blanc aux séductions légères, face à la courbure alliciante de douceurs enfantines, car face à cela Ieyasu n’est qu’une statue taillée dans le sel de larmes d’antan dont la langue est la seule arme.
Ryuu Fujiwara
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Ryuu Fujiwara
Ieyasu, le doux, le beau, le tendre souvenir des premiers émois, des premiers sentiments, des premières amours, tu l’avais bercé dans tes mémoires, chéris comme un bambin délicat et fragile alors que tu avais versé l’huile chaude sur son dos. Pourtant, ô pourtant au fond de toi, tu l’avais toujours aimé autant que tu avais sali son nom. Et plus tu l’avais aimé, plus il t’avait manqué, plus tes mots étaient crus et violents. Plus tu voulais ses bras et ses lèvres et plus tu mordais votre passé pour y distiller le venin Fujiwara, plein de sang; poison des amours heureuses.

Et lui, brise tes derniers espoirs comme on brise la crème brûlée; d’un coup sec et affamé. Avait-il là un moyen de prendre sa revanche sur les atrocités que tu avais hurlées ou savait-il que trop bien comment presser ton cœur pareil à une éponge ? Et pourtant, il absorbe autant les larmes que tes joues; et Ieyasu avait de quoi serrer la mousse car elle était pleine d’eau salée. Ce monde est mort et la répétition est autant de coups fouettés sur le cuir de ton dos; tanné par la rancœur et la maladie de la rupture. Tu as encore le je t’aime au bout des lèvres; le souvenir mécanique et sincère de vos heures à vous adorer. Mais il a barricadé tes lèvres et tu l’écoutes proférer sa haine alors que la bile coule dans ta bouche; tu ravales sans fierté.

Il continue de parler et toi tu restes pendu à ses lèvres comme un assoiffé; tu veux l’entendre dire ce que tu attends depuis longtemps, va-t-il revenir sur ses paroles ? Va-t-il recoller ton coeur et tes espoirs ? Va-t-il te faire croire que votre jardin perdu fleurit encore ? Tu ne veux pas y voir les ronces et les compostes, par pitié, dis moi qu’il reste encore une rose; j’y piquerai ma paume.

Tu sens pourtant la sienne contre la tienne, ses doigts tressés aux tiens, et tu te souviens que vos baisers en étaient précédés. Tu goûtes ses mots comme un affamé mais ils n’ont pas le goût de la romance, oh ils sont si amers que tu peines à ne pas plisser les paupières. Horriblement mal, merci. Mais et toi Fujiwara, comment te portes-tu ? Ta peau est-elle douce ou pèles-tu encore des morceaux de toi-même ?

Ah et tes doigts se resserrent davantage, oh s’il te plaît, dis moi que je t’ai manqué. Et ton âme se damnerait pour qu’il te raconte des doux mots et que vous reveniez arroser les belles plantes de votre paradis. Mais la seule eau qui coule, c’est les larmes que tu ravales alors que tu tentes d’humer encore son odeur; elle aussi a changé. « Tu… » et ton front rencontre son épaule. Il a les mots qui tranchent et coupent; sa langue comme sabre tandis que tu n’as eu que tes dents pour mordre et ta gorge pour hurler; tu es si faible quand il est là. « Tu ne les sens pas sur ma main ? Elles… tombent comme du sel mais ne conjurent pas les mauvais sorts… » Et tandis que ton front rencontre son os; tu t’abandonnes contre lui, muscles tendus et mains chiffonnées. « Nous sommes deux à aller mal, tu me manques, je crois. Est-ce que je t’ai manqué ? Est-ce que tu m’as aimé un jour ? Je ne suis pas sûr de m’aimer moi-même… comment as-tu m’embrasser avec tant de tendresse à l’époque ? Comment as-tu ancré le goût de tes lèvres dans ma bouche ? » Et tes confessions sont aussi terribles que le désespoir que ta soeur a crée. Tu aimeras Ieyasu comme on aime sa première peluche, une tendresse infinie et la nostalgie des sentiments naïfs mais heureux.

Ieyasu Masamune
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Ieyasu Masamune

ô chimères d’hier
douces-amères
froides comme l'hiver

La voilà putréfiée, cette séquellaire lésion qui jamais ne se résorbe, purulente, suintante dans ce que l’amour en toutes ses conceptions possède de plus ignoble. La voilà qui revient se pâmer à son regard, amoindri d’un œil mais galvanisé de rancœur, cette violence borgne et animale que Ieyasu ne peut qu’exprimer au joug d’une langue tout autant humectée de salive que d’amertume.
Tu crois que je te manque ? Ne me fais pas rire, Fujiwara. Tu t’ennuyais —non, tu as mentionné ta sœur— tu avais besoin de quelqu’un, et j’étais là. Ça pourrait être n’importe qui, et ce que tu crois manquer n’est qu’un mirage. Ces mains, rêches, entrelacées dans une proximité volée, en exultent la dévastation de rêves d’enfants. En effet. Si les cendres de ce qui te sert de peau parvenaient à conjurer les mauvais sorts, nous ne serions pas là à tenir cette comédie de conversation.
Maladroitement engoncé dans un uniforme qui lui ceinture la peau et qui s’échine inlassablement sur ses articulations aussi bien que sur la porosité de ses nerfs, le roux se meut dans l’enchevêtrement de ce qui lui semble devenir son linceul, souhaitant ardemment se soustraire de ce terrible carcan. Que les entraves de tissus cessent leur inexorable compression contre ses poumons affolés, que ces chaînes bâties par sa chair et son sang se voient ôtés de leur injustice démesurée, que ces doigts qui emprisonnent les siens en griffes d’adamantine ne soient plus que poussière.
Que ce mur, impérieux, qui le pourlèche des talons à la nuque se désagrège de la manière exacte dont il avait alors pensé que le monde s’effondrait lorsque le Fujiwara avait délaissé leur intimité de jeunesse sans l’ombre d’une œillade discrète en arrière. Cette petite trahison lui avait fait prendre conscience de l’entier poids de son sang, un sang qui lui avait alors paru si lourd, dense et inexorable telle une chape de plomb qui désormais pèse sans discontinuer sur ses épaules frêles : la permanence d’une épée de Damoclès qui planait autant qu’elle se trouvait déjà enfouie entre ses omoplates.
Mais le mur demeure le geôlier de son corps, accoude sévèrement son dos aussi bien que ses fantasmes d’évasion, aussi Ieyasu attaqua-t-il avec la seule violence qu’il savait manier : N’ose pas venir comme si tu étais honteux, comme un pauvre chiot gémissant et regrettant son acte. Tu as vite fait de me tourner le dos, avais-tu honte alors ? Mais je ne suis pas sûr que tu connaisses même ce sentiment, on dit les Sangs-Purs dénués de cœur, et j’ai tendance à y croire.
Le courroux d’une rage anima ce qui lui restait de salive, et mêlé à une aigreur qui lui était doucement familière, Ieyasu délesta violemment la sécheresse de mains désormais étrangères pour venir en quérir le crin blanchi de cette dévastatrice tempête, et dans la douleur d’un geste, tira pour en déloger l'étreinte : Oh, pauvre, pauvre petit Ryuu qui va si mal.
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